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Portfolio — Julien Paul Marius Magré (Majuskull©)

Je travaille une calligraphie non alphabétique : signes imaginaires, rythme, intervalles. Arrivé à Tahiti en 2012, j’ai d’abord vécu et créé à bord d’un voilier ; depuis 2020, je poursuis en atelier une « grammaire du souffle » (encre, crayon, lavis) où le centre garde l’énergie du trait et les bords organisent le temps. Au départ, le format A4 s’est imposé par pure praticité ; il s’est révélé si accessible et direct qu’il est devenu le choix logique de ma démarche — un cadre simple qui concentre le geste et la respiration. J’en change parfois, mais l’A4 demeure mon terrain privilégié : il se numérise extrêmement facilement pour produire des toiles ou tirages monumentaux, tout en préservant l’énergie initiale du trait.

Biographie

Julien Paul Marius Magré (Majuskull) conçoit une calligraphie non alphabétique : un vocabulaire de signes imaginaires où l’écriture se déplace vers le rythme, la coupe et l’intervalle. Autodidacte, il commence à douze ans lorsqu’un stylo de calligraphie offert par son père transforme l’essai en pratique suivie, d’abord vécue comme une méditation plus que comme une production destinée à être montrée.

Son installation à Tahiti en 2012 ouvre un cycle décisif : au contact des vents, des houles et des frondaisons, il compose des séries où affleurent des résonances arabes, chinoises et polynésiennes, sans citation littérale. De 2012 à 2020, une partie du travail se développe au plus près du lagon sur son voilier ; il poursuit depuis en atelier la même grammaire du souffle, fondée sur des moyens simples — encre, crayon, lavis — et sur une écoute précise des transitions.

En 2014, il participe à une exposition collective à la Maison de la Culture de Papeʻete dans le cadre du collectif CCCTP, dissous depuis. Cette expérience confirme une orientation où l’image n’illustre pas un récit : elle fabrique une mémoire physique du geste. Majuskull organise ses pièces comme des partitions d’air et de matière : volutes, frondes, trames. Au centre, il préserve l’énergie brute — « automatisme fertile » ; aux bords, il confie le montage du temps : ralentir, raccorder, reprendre.

Ses œuvres privilégient la dynamique du regard plutôt que la perspective, et recherchent une clarté de dispositifs (format, cartels, séries) pour que la respiration — raccords, reprises, intervalles — fasse œuvre. Installé à Tahiti (Punaauia), il continue d’explorer ce langage de signes, attentif à la responsabilité du cadre et à la cohérence des ensembles.